Dans les forêts de Sibérie

Sylvain Tesson

Synopsis :

Assez tôt, j'ai compris que je n'allais pas pouvoir faire grand-chose pour changer le monde. Je me suis alors promis de m'installer quelque temps, seul, dans une cabane. Dans les forêts de Sibérie.
J'ai acquis une isba de bois, loin de tout, sur les bords du lac Baïkal.
Là, pendant six mois, à cinq jours de marche du premier village, perdu dans une nature démesurée, j'ai tâché d'être heureux.
Je crois y être parvenu.
Deux chiens, un poêle à bois, une fenêtre ouverte sur un lac suffisent à la vie.
Et si la liberté consistait à posséder le temps ?
Et si le bonheur revenait à disposer de solitude, d'espace et de silence – toutes choses dont manqueront les générations futures ?
Tant qu'il y aura des cabanes au fond des bois, rien ne sera tout à fait perdu.

Coûte : 7 € 70 ou 19 €

304 ou 267 pages

En poche ou en grand format

Folio ou Gallimard

Sorti en 2010.

Ma critique : à mon envie d'évasion a répondu ce livre, conseillé par de nombreuses personnes et au sujet particulièrement attirant. Je n'ai jamais aspiré à m’exiler en Sibérie ou dans un quelconque pays nordique, mais j'ai trouvé que ce livre était bien plus qu'un livre écrit par un ermite.

  On suit donc l'auteur à travers six mois passés dans une cabane en Sibérie. Seul, avec la lecture, l'alcool, la nature et de rares passages d'autres personnes. Le cadre est posé dès les premiers mots, il s'agit d'une lecture à la fois instructive et rassérenante.

  Instructive car Sylvain Tesson, pendant ces six mois et même bien avant ce voyage entrepris en tant qu'ermite, a eu tout le loisir de réfléchir et de développer sa pensée à propos de la société, de la solitude, etc. Le fait qu'il ait un avis aussi affirmé sur tout ce dont il parle m'a au début surprise. Je n'ai pas toujours été d'accord avec ce qu'il a dit (par exemple à propos de la photographie), d'autant que le ton est généralement pessimiste et satirique. Néanmoins, ses réflexions ne peuvent que servir à alimenter les nôtres, à étendre notre culture par le biais de citations à de nombreux ouvrages variés et profonds. 

  Sylvain Tesson, à travers ce journal de sa retraite, redéfinit ce qu'est pour lui chaque chose en ce monde. Tout y passe : la société de consommation, la lecture, les russes, les animaux et leur comportement et j'en passe. Tout ça, il l'a écrit avec un vocabulaire riche et développé (au point où je dois avouer mon ignorance pour certains mots) et un style bien à lui qui nous porte et allie les mots de manière à ce que chacun ait un impact sur le lecteur. Écrits de cette manière, ses mots ont eu un écho en moi, au point de considérer ce livre à la lisière entre prose et poésie.

  Et enfin c'est un livre rassérénant car l'auteur nous décrit ce qu'il voit et ce qu'il ressent quand il découvre chaque jour le paysage depuis sa cabane ou aux alentours. C'est un spectacle dont il ne se lasse pas, et moi non plus. Je me suis fait la réflexion que ses paroles tournant toujours autour des mêmes sujets, cela peut paraître répétitif mais je ne l'ai pas du tout ressenti de cette manière. Chaque nouvelle phrase ajoutait un aspect à la définition qu'il donne de la vie et du monde.

  Le tableau dressé de la vie en société semble pessimiste, et pourtant ! Malgré toutes ces paroles critiques et le fait que la plupart de ces paroles sonnent justes, en sortant de cette lecture je me suis simplement sentie grandie, plus forte et plus consciente de ce qui m'entoure. Une lecture qui ouvre l'esprit autant pour la culture que pour l'imagination.

~ Bon livre... 3/5 ~